Proximité sociale et distance spatiale : Des nouvelles manières de faire avec l’espace dans des villes méditerranéennes au temps du COVID-19

La sensibilité de certaines disciplines scientifiques aux notions sociales et spatiales, telles que la proximité et la distance, fait que les architectes et les sociologues soient plus prudents à l’usage fait par les épidémiologistes de ces notions, puisque ces derniers confondent souvent ce qui relève du social de ce que relève du spatial dans leur recommandations sanitaires concernant le Covid-19.

En effet, loin de se douter qu’une proximité spatiale peut s’associer à une distance sociale et inversement (CHAMBOREDON et LEMAIRE, 1970), les scientifiques martèlent le long de la journée qu’ « il faut garder une distance, tantôt sociale, tantôt spatiale », un message soigneusement relié par les médias et même par certains professionnels de l’espace. Une distinction qui est loin d’être anecdotique, car elle permet d’apercevoir l’apparition d’un ensemble de pratiques révélatrices de profonds changements qui s’annoncent, impliquant les liens sociaux en recomposition aussi bien que des bouleversements dans les usages des dispositifs spatiaux.

Fidèle au terrain d’investigation lors de mes recherches dans le cadre de ma thèse, oscillant entre des villes algériennes et d’autres françaises, je vais essayer, à travers cette intervention, de m’arrêter sur un ensemble de pratiques socio-spatiales qui ont accompagné l’apparition du Covid-19. Des pratiques qui révèlent un potentiel insoupçonné d’adaptation aussi bien que d’innovation de la part des citoyens, annonçant de nouvelles configurations des relations sociales et avec elles de nouveaux usages de l’espace urbain. Loin des effets des recommandations sanitaires sans précédent ou des protocoles de conduites dictés et adoptés par diverses institutions, qui ont certes bouleversé nos habitudes, mais qui restent de l’ordre du contraignant et du subit, ce qui leur fait perdre toute signification sociologique. Il s’agit, en fait, d’initiatives instantanées, souvent non réfléchies, engageant l’individu aussi bien que le collectif.

Mots clés : Espace public, Pratiques spatiales et sociales, Proximité et distance

Athmane FOUIL (EPAU, Alger)