Logement, vie familiale et COVID-19 à Yaoundé : réflexion autour des enjeux sur la qualité des logements urbains au Cameroun face à la résurgence des crises sanitaires
La qualité du logement apparait indubitablement comme un indicateur déterminant dans l’évaluation du bien-être social. À l’indépendance du Cameroun orientale en 1960, l’ordre gouvernant entreprit une planification en vue de l’appropriation de l’héritage coloniale et de la continuité du service publique à travers une politique de relance urbaine.
Les planificateurs urbains imaginèrent, pour étayer leurs projections, des mécanismes qui provoquent la croissance urbaine en termes de constructions des logements. C’est ainsi que l’approche de la pyramide des villes fut adoptée. Yaoundé, ville de seconde génération créée par l’Allemagne, va pendant la période française connaitre un statut particulier. En effet, ce hameau des temps préhistoriques devient capitale institutionnelle du pays. Cet héritage colonial d’ordre historique demeure intact, car la survenue des indépendances en 1960 et 1961, n’a daigné entrainer des bouleversements notables en lien aux mutations de capitale.
À cet effet, Yaoundé qui comptabilise à ce jour plus de quatre millions de personnes, soit la ville la plus peuplée du pays et dans la zone CEMAC, garde une prééminence et une exclusivité par rapport à d’autres villes du pays. Autrement dit, au-delà des fonctions classiques inhérentes à toutes les villes du pays, Yaoundé seule exerce certains types de services au Cameroun. C’est dire l’attractivité naturelle, volontaire ou involontaire qu’exercent cette cité urbaine et ses logements sur les nationaux et les expatriés. La survenue du Covid-19 et les mécanismes imposés, en l’occurrence le confinement, a permis de mettre en évidence la problématique de l’étroitesse des logements dans la ville de Yaoundé. En effet, face à la pénurie de logement au Cameroun, les pouvoirs publics avaient entrepris depuis l’époque coloniale, la construction des logements sociaux, en même temps, depuis les indépendances notamment, depuis 2010, des mécanismes incitatifs avaient été mis en place à l’effet d’encourager les privés à s’investir dans l’immobilier. Or, qu’il s’agisse des logements sociaux coloniaux ou postcoloniaux, tous sont inadaptés au contexte social culturel de la majeure partie des citoyens. En effet, quasiment 80% des logements sont de type quatre chambres maximum, une à deux douches, un salon, une cuisine, pour des familles dont le chiffre minimal est d’environ six personnes. Avec l’avènement du Covid-19 et les contraintes imposées à l’instar du confinement et des mesures barrières, cet état de lieu pose le problème de l’étroitesse des logements et de l’inadaptation des politiques publiques en termes de logement urbain. Dans un monde ou l’instabilité sanitaire devrait davantage s’accroitre au regard de la mutation des virus, l’article envisage de tirer la sonnette d'alarme sur la nécessité du renouveau des logements urbain en terme de vision. Il sera question à travers une approche hypothético-déductive de jeter un pavé dans la marre pour inciter d’autres chercheurs, architectes, urbanistes et politiques à s’appesantir sur la recherche des modèles adaptés aux familles urbaines eu égard aux réalités historiques, sociologiques, anthropologiques et conjoncturelles.
Mots clés : Logements urbains, vie familiale, crise sanitaire
Billy Arthur NGANDJI (Univ. Yaoundé)