Research reports Year 2016

Research

Image of the School and Scholar Drop-out

From 01/01/2014

TO    31/12/2016

Head of project : BENAMAR Aïcha

Team members :

CHERNOUHI Ahmed

HASSANI Zohra

Problématique

Si l’expression « décrochage scolaire » est nouvelle en Algérie, le phénomène, lui, est ancien. Il est assimilé à de la « déperdition scolaire », question majeure de de politique publique, ayant fait l’objet de nombreuses études, dont celle conduite par l’INRE en 2002 et à laquelle nous avions participé. L’analyse des données recueillies à l’époque mettaient en exergue le déterminisme des conditions socioéconomiques des familles ainsi que l’éloignement des collèges conjugué au manque de transport dans de nombreuses régions. Nous avons montré que la déperdition scolaire était avant tout un phénomène social.

   Depuis la mise en place de la réforme de 2003, les décideurs parlent, de réduire cette déperdition, de manière à « faire parvenir fin 2015, 90% d'une cohorte de 1ère année primaire en 4ème année moyenne ».

   Les annonces de la Loi d'Orientation n°08- 04 du 23 janvier 2008, du Schéma directeur de développement sectoriel de l'éducation nationale à l’Horizon 2025 et du Plan de développement à moyen terme 2010-2014 du Ministère de l'Education Nationale, convergent toutes vers cet objectif. Il faut certainement noter qu’en 2013 aucun plan de prévention ou de lutte n’est encore préconisé par les décideurs. Certes, un dispositif de lutte contre l’absentéisme des enseignants a été, théoriquement, mis en place dès 2010 mais en ce qui concerne les élèves une pré-enquête, réalisée dans le cadre d’un projet PNR qui vient d’être clôturé, révèle de nombreuses disparités d’un établissement à l’autre et d’une région à l’autre.  

   Nous sommes face à un problème complexe dont les déterminants sont nombreux et variables selon les personnes et les environnements. Dans la littérature, la définition du « décrochage » est rapprochée de celle de « déscolarisation » même si le premier terme est utilisé plus fréquemment lorsqu’il est question d’élèves ayant dépassé l’âge de la scolarité obligatoire. Le décrochage est le terme choisi par Blaya et Hayden (2003 : 6) pour désigner le processus de « désadhésion » au système scolaire ou un accrochage manqué conduisant à plus ou moins long terme à une désaffection. La déscolarisation serait l’étape ultime du décrochage. Il n’existe pas par ailleurs de consensus sur la définition du décrochage si l’on considère que c’est un processus qui lie des facteurs d’ordre scolaire, personnel, économique et social. Peut-être est-ce pour cela que Catherine Blaya (2010)[1] parle de décrochages au pluriel!

   De nombreux auteurs soulignent le caractère processuel du phénomène, qui se manifeste très souvent sous la forme d’une démobilisation scolaire lente et insidieuse, pouvant débuter dès l’école primaire (Bautier, 2003 ; Bonnéry, 2003). Le décrochage constituerait le point culminant d’un processus de désengagement scolaire (Rumberger & Ah Lin, 2008) résultant d’un parcours jalonné d’échecs, de difficultés personnelles et/ou relationnelles tant avec les pairs qu’avec les adultes. Pour Delcourt (1989) le décrochage scolaire est un processus progressif de désintérêt pour l’école, fruit d’une accumulation de facteurs internes et externes au système scolaire. ». Ce serait processus lent, progressif, conséquence d’événements personnels (apprentissages, affectivité, personnalité), scolaires (parcours scolaire, organisation scolaire, relation avec les enseignants et les pairs), familiaux et socio- culturels (milieu de vie, événements familiaux, valeurs sociales).

   Pour Elisabeth Bautier (2002) les décrocheurs conjuguent vulnérabilité familiale et (grandes) difficultés scolaires. » L’auteure distingue les « décrochés » de l’intérieur des décrocheurs vers l’extérieur. Le décrochage des « décrochés » de l’intérieur, qu’elle appelle «décrochage cognitif » (affectif et psychologique) évolue dans le temps et serait « l’aboutissement d’une accumulation de difficultés ».

   Décrochage et déscolarisation indiquent des réalités différentes et proches à la fois, c’est une façon de quitter l’école de manière provisoire ou permanente sans qu’il y ait nécessairement une relation de cause à effet. Il n’y a pas par ailleurs de consensus sur la définition du décrochage si l’on considère que c’est un processus qui lie des facteurs d’ordre scolaire, personnel, économique et social. Si pour l’institution éducative le décrochage n’est qu’une extension de l’absentéisme, pour la tutelle administration il se distingue très peu de l’abandon. Pouvons-nous attribuer la responsabilité du « décrochage » à la famille ou à l’école, devrions-nous nous interroger? Nombre d’études convergent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un problème unidimensionnel mais d’une conjonction de facteurs de risque personnels, scolaires, environnementaux et familiaux qui demandent une approche plus systémique (Potvin et al. (2004). Certains travaux sur le décrochage scolaire, portant sur les variables socio-environnementales, montrent que les variables familiales sont soit des facteurs de risque, soit des facteurs de protection, quand d’autres sur le milieu scolaire montrent que le climat de la classe peut amener des élèves à décrocher, notamment lorsqu’ils sont victimes de maltraitance de la part de leurs pairs (Fortin et al., 2005).

La communauté éducative dans son ensemble[2], au sens qui lui est attribué par la Loi d’orientation 08-04 du 23 Janvier 2008 (Article 19, Titre II), est concernée par le maintien à l’école des enfants de 6 à 16 ans. Les différents acteurs du système éducatif, selon cette Loi, en tant que membres de la communauté éducative d’un établissement donné, participent directement ou indirectement, à proximité ou à distance, à la prévention du phénomène. Le croisement de leurs regards, la convergence de leurs efforts, la reconnaissance progressive du processus de coopération, dans le respect des compétences de chacun, constituent des éléments déterminants. Si nous admettons que les responsabilités de la famille et de l’école sont partagées, comment leurs actions peuvent-elles se conjuguer pour prévenir et/ou lutter contre le décrochage scolaire ?

   Notre principale question est de savoir pourquoi et comment s’enclenche le processus de décrochage dans la scolarité obligatoire?

D’autres questions secondaires trouveront des réponses tout au long de la réalisation du projet :

   -Comment l’image de l’école, chez les élèves et leurs familles, influe-t-elle sur le décrochage ?

   -Quels sont les facteurs déterminants du décrochage ?

   -Quelles sont les procédures institutionnelles mises en place en vue de l’accrochage des « décrocheurs » ?

 

[1] C’est le titre de son ouvrage

[2] Parents, éducateurs (enseignants, chefs d’établissements,…)

 

 

 

 

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