Research reports Year 2018

Research

Emergent Territories, Housing and Feeling Insecure: Study of the spatial configuration of collective spaces in social housing in the new city Ali Mendjelelle ville Ali Mendjel

From 01/01/2015

To    31/12/2017

Project supervisor : AICHE Messaoud

Team members :

BOUARROUDJ Radia

BOUGHAZI Khadija

Problématique

Au cours des trente dernières années l’insécurité et son corollaire le sentiment d’insécurité sont devenues une réalité vécue au quotidien dans les ensembles d’habitations. Dans ce cadre, le débat sur l’insécurité et le sentiment d’insécurité se veut nécessaire du moment que les conditions de vie de notre existence dépendent de l’environnement dans lequel nous évoluons. Ainsi les choix qui le déterminent doivent apporter des réponses aux problèmes prés-existants en particulier « le sentiment d’insécurité» qui est le centre d’intérêt du présent travail.
Avant d’aborder la question de l’insécurité, il est important d’établir la différence entre l’insécurité objective (révélée par les statistiques criminelles) et le sentiment d’insécurité qui reste difficilement mesurable.

En effet, de nombreuses études ont révélé que, le sentiment d'insécurité peut être individuel ou collectif. Ce dernier combine en son sein le danger et la perception de sa gravité. Les éléments perçus collectivement comme étant angoissants peuvent varier d'un lieu à l’autre, d'un moment à l’autre ou d'un segment de population à un autre. Il recouvre deux composantes :

­ La peur vécue qui exprime une inquiétude pour soi et pour ses proches .Cette peur peut être ressentie de façon différente selon les lieux et le temps (par exemple la nuit dans les transports) ;

­ La peur sociale, appelée préoccupation «sécurité», est le reflet d’une opinion générale sur la société (au même titre que le chômage, la santé…)[1].

Les nombreux discours tenus sur l’insécurité dans les ensembles d’habitations se départagent en deux visions contradictoires :

­ La première consiste à dissimuler sous l’insécurité l’ensemble des traits de vie des quartiers d’habitat social en négligeant l’existence des rapports sociaux très denses qui y subsistent.

­ La seconde cherche à valoriser les éléments de convivialité, d’entraide et d’interconnaissance qui existent tout en camouflant les tendances à la déstructuration du tissu social induites par la délinquance[2].

Une meilleure prise en charge des questions de l’insécurité au sein des ensembles d’habitation serait nécessaire suivant une approche socio-spatiale. A ce sujet Paul Landauer (Architecte) le mentionne clairement dans son article : Sécurité : un nouveau défi pour les concepteurs ? En écrivant : « Une des manières de répondre à ce danger pour l’espace public, pour la vie urbaine, que constitue la nouvelle organisation sécuritaire c’est, paradoxalement, de revendiquer la sécurité comme un objectif, voire un outil des projets » [3].

Il faudrait donc assumer la prise en compte du sentiment de sécurité dans l’architecture et l’urbanisme; l’assumer comme une demande sociale à prendre en compte dans la conception de l’espace en général et des espaces d’habitation en particulier. En d’autres termes, il ne faut pas laisser cette question aux seuls spécialistes du maintien de l’ordre et de la technique sécuritaire, car le sentiment d’insécurité dans l’habitat est un phénomène en croissance continue. Les processus contribuant à son développement relèvent d’un ensemble de facteurs, entre crime moral, influence du milieu ; inégalité sociale ; stigmatisation et mauvaise image de l’environnement immédiat, etc.

C’est dans ce cadre que nous nous somme intéressé à l’état des villes Algériennes qui témoignent d’un ensemble de déficits qui affectent le cadre bâtis et vécu des habitants. Entre des chantiers laissés à ciel ouvert, des cités inachevées, l’Algérie a fini par avoir un paysage défiguré dont le maître mot est le désordre urbain.

Selon les écrits du journaliste BENKOULA Sidi Mohamed El Habib dans son article Regard critique sur l'urbanisme algérien: entre fait accompli et inachevé : « Les nouveaux quartiers sont un mélange de jets maladroits, constructions légales et illégales, qui ont pour dénominateur commun : la médiocrité. Ce sont généralement des territoires de l'inachevé, du fait accompli, qualifications que nous attribuons nous-mêmes à l'urbanisme algérien ».

Cet urbanisme Algérien a conduit à l’insécurité et au sentiment d’insécurité, à la montée de la délinquance ainsi qu’à la dégradation de l’environnement immédiat. Ceci de part : la ségrégation spatiale ; le sentiment d’exclusion, les déperditions scolaires, la prédation économique, etc. Cet état de fait est exacerbé par la profusion d’espaces de non droit ou le malaise social peut expliquer ce recours systématique à la violence.

Cet ensemble de faits n’a pas épargné la ville de Constantine dont la dégradation du cadre bâtis ainsi que la situation sécuritaire inspire la psychose. Entre vols, agression à l’arme blanche dans la rue, dans les quartiers d’habitat social, spontané ou résidentiel, la situation reste la même. L’insécurité est là et le sentiment d’insécurité qui en découle est omniprésent.

Du quartier datant de la période coloniale de sidi mabrouk au quartier du vingt Aout ou Fadila Saadane, la situation sécuritaire reste semblable. Ainsi le climat d’insécurité se propage dans les ensembles d’habitation où il ne se passe pas un jour sans qu’on n’enregistre une agression.

Partant de cet état de fait, la question de l’insécurité et du sentiment d’insécurité qui en découle au sein des ensembles d’habitation est donc posée. En effet, selon François DUBET, le sentiment d’insécurité et la violence urbaine sont «le moyen de vivre son échec social comme un acte volontaire, voir héroïque». Mais avant de comprendre les causes de du sentiment d’insécurité et de la violence urbaine aux seins des ensembles d’habitations il faudrait d’abord commencer par définir une notion indispensable qui est le territoire. Car le sentiment d’insécurité a un territoire précis, lieu de tous les affrontements et de toutes les prédations. Le territoire représente un lieu que les jeunes s’approprient, une zone du « moindre droit »[4].

A ce sujet nous allons tenter de définir l’ensemble des processus contribuant au développement du sentiment d’insécurité dans les ensembles d’habitations. Car il semblerait que l’insécurité a sa géographie et que certains quartiers présentent un sentiment d’insécurité plus élevé et plus grave que d’autres. Et c’est dans ce cadre que nous proposons l’étude de deux quartiers d’habitat collectif social de la ville nouvelle de Constantine : l’unité de voisinage N°14 et l’unité de voisinage N°UV8.

Parmi les facteurs contribuant au développement du sentiment d’insécurité, on peut distinguer un lien dissipé entre l’espace et le sentiment d’insécurité. Ces deux concepts forment un ensemble de paramètres ou il est question de gestion, de fonctionnalité, de définition et d’usages d’espaces. Cependant, l’organisation de l’espace urbain ne produit pas mécaniquement l’insécurité mais peut contribuer à son développement. Certaines formes d’organisation urbaine peuvent à la fois générer de l’inquiétude pour les usagers et favoriser les agressions. De multiples facteurs liés à la conception des espaces et au statut qui leur est conféré interagissent dans ces processus ([5] )

Mais ce qu’il faut noter également c’est que l’insécurité est pour une part coproduite par une certaine fraction de la population, ainsi que la déficience des systèmes de gestion. Ce qui induit à une monopolisation de l’espace par des groupes et la propagation des pratiques déviantes.

A cet effet nous avons fait appel à la syntaxe spatiale comme un outil d’aide à la compréhension des les liens qui pourraient exister entre les formes spatiales et le sentiment d’insécurité. Selon Bill Hillier «plus l’espace est structuré et lisible plus il est mieux vécu par le consommateur»[6]. C’est dans ce cadre qu’une organisation fonctionnelle des espaces offre un atout fondamental qui permet d’inscrire des règles de vie sociale à travers les modes de traitement et de qualification des espaces.

Ainsi nous nous retrouvons donc face à une question de base qui nous interpelle et sur laquelle portera notre projet de recherche : Existe-il une relation entre la configuration de l’espace et le sentiment d’insécurité ? Si oui, comment peut-on analyser et reconnaitre les formes spatiales qui provoquent le sentiment d’insécurité ?

Mots clés : Sentiment d’insécurité, ensembles d’habitations, configuration spatiale, ville nouvelle de Constantine, syntaxe spatiale.

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