Research reports Year 2018

Research

Memory and social change in Algeria in the dominant discourse among categories of youth (2011-2016)

From 01/01/2015

To    31/12/2017

Project supervisor : MOHAND-AMER Amar

Team members :

NEGADI Samira

BEDANI Ahmed

MOULAY Halima

LAHDIRI Nadjat

ELAGAG Hafsa

KHELFI CHAHRAZED

Problématique

Le projet d’établissement « Mémoire et changement social en Algérie dans le discours dominant chez des catégories de jeunes (2011-2015) » s’articule autour de trois grandes questions, la mémoire, le changement social, et le discours dominant. Il s’inscrit dans le cadre des recherches menées au sein de la Division de recherche « Anthropologie de l’histoire et mémoire », notamment dans l’axe « Les conditions de fabrication du savoir historique, de la mémoire collective et les modalités de leur diffusion ».

L’équipe a choisi ce projet pour les raisons suivantes : primo, ce sera un travail dans la continuité de ceux déjà (nombreux) réalisés au CRASC, notamment sous la direction de Hassan Remaoun[1]. L’objectif étant de consolider les recherches, dans notre institution scientifique, sur ces thématiques par l’actualisation des travaux et l’ouverture de nouvelles perspectives. Ces trois objets (mémoire, changement social, discours dominant) sont appelés, sans conteste, à se mouvoir et évoluer dans un pays en pleine mutation. Ils sont fondamentaux dans la phase que traverse l’Algérie actuellement (instabilité régionale, aspirations au changement, accumulation des savoirs historiques, affranchissement (relatif) des moyens d’information,…).

Secundo, la question de la mémoire est primordiale, aujourd’hui, en Algérie, dans le sens où le passé, comme représentation politique, sociale, et culturelle, est omniprésent, à la fois, par un usage/recours protéiforme à l’histoire et aussi par le biais de la puissance de l’expression commémorative officielle. Il (le passé) est présent aussi par la libération de la parole, et notamment dans les mémoires et témoignages des acteurs du Mouvement national et de la Guerre de libération nationale. Ces représentations convoquent, entre autres, le diptyque histoire/mémoire, la mémoire collective, l’histoire immédiate, l’histoire des mentalités…, dont la recherche, en l’espèce, ne peut faire l’économie (école des annales, histoire sociale, nouvelle histoire...).

Tertio, cette dynamique (la convocation du passé) constitue un des rouages de la vie politique, sociale, culturelle, économique. Ainsi, à titre d’exemples, la Guerre de libération nationale, le drapeau, le nationalisme (patriotisme), l’usage (abusif) du passé dans les publicités commerciales, deviennent des codes interchangeables. Cette mémoire omniprésente est toutefois confrontée (ou concurrencée) par des discours et postures prônant une autre optique, une autre vision de la société, celle d’un changement, lui aussi, multiforme, et porté, à la fois, vers le passé et l’avenir.

Quarto, le discours dominant participe à cette confrontation/opposition entre mémoire et changement social. Il est un outil de premier ordre dans la diffusion de la doxa et de l’idéologie[2], de la mémoire et du changement. Son action est réelle, il (le discours dominant investit des espaces fondamentalement politiques, par essence ou destination. Ses enjeux sont multiples car s’inscrivant dans les champs politiques, religieux, culturels, sociaux, historiques…

Ces questions deviennent pertinentes si on les associe à une temporalité. Celle choisie dans le projet est circonscrite à deux moments. Le premier est d’ordre historico-politique, il est en rapport avec ce qui est appelé « Printemps arabe » (ou Printemps tunisien). L’année 2011 enclenche donc un processus qui produit, sur le plan régional (Maghreb et Monde arabe), de nouvelles situations politiques et socio-culturelles. En Algérie, la problématique de changement (réformes, rupture, transition,…) est posée. La seconde borne (2015) est plus d’ordre méthodologique. Elle clôturera le travail sur cette période (2011-2015), le projet s’étalant sut trois années, la première (2015) étant plus consacrée à la formation, étant donné que la majorité des membres sont des doctorants.

L’objectif du projet, dans un premier temps, est de saisir les mécanismes régissant la mémoire et le changement social. L’intérêt est de comprendre les modalités de fonctionnement et de cohabitation (si elle existe) de deux dynamiques sociales (et politiques) chez des catégories de jeunes.

Le projet s’interroge sur les facteurs ayant favorisé ou bien crée les conditions objectives à ce que l’histoire récente soit toujours un levier social et politique usité et promu dans un pays où la volonté de changement est revendiquée et clamée (que ce soit vers un retour au « passé » ou une projection dans la « modernité »). Ces deux réalités ainsi que la transposition dans le discours dominant reposent sur des soubassements que les membres de l’équipe vont chercher à expliquer, d’où les questionnements suivants :

  1. Pourquoi la mémoire est-elle présente dans le paysage politique, médiatique et social ?
  2. A-t-elle un ancrage sociologique réel dans la société (notamment, dans les catégories de jeunes, objet de l’étude) ?
  3. Comment s’exprime-t-elle ?
  4. Y’a-t-il une dynamique de changement social ?
  5. Quel est le rapport changement social/passé ?
  6. Comment la mémoire et le changement social cohabitent-ils dans le contexte actuel (2011-2015) ?
  7. Existe-il un discours dominant ?
  8. Comment s’exprime-t-il ?
  9. Le discours dominant favorise-t-il la mémoire et le changement social ?
  10. À quel(s) moment(s) ces deux phénomènes politico-sociaux ont-ils émergé dans le discours dominant ?
  11. Comment, dans la pratique, ces deux dynamiques se déploient-ils ?
  12. Peut-on parler d’une situation hybride ?
  13. Peut-on parler d’une situation conjoncturelle ou, au contraire, structurelle ?

Ces questionnements sont nombreux. L’équipe tentera de répondre aux plus importants.

[1] Pour une analyse plus détaillée de ces questions, voir Hassan Remaoun, « Présentation », Insaniyat / إنسانيات mis en ligne le 09 mai 2013, consulté le 01 décembre 2014.http://insaniyat.revues.org/11578 Voir également, Antoine Prost, Douze leçons sur l'histoire, Paris, Points, 2014.

[2] À ce sujet, Pierre Bourdieu et Luc Boltanski, La production de l'idéologie dominante, Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 2, n° 2-3, juin 1976. La production de l’idéologie dominante, p. 3-73.

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